Contraints par un délai ou un budget trop serré, certains professionnels ont recours à la traduction automatique pour traduire un mail, un article… ou un contrat. Pourtant, ces systèmes sont encore incapables de remplacer les traducteurs humains, surtout dans le domaine juridique. La fluidité des traductions cache souvent des erreurs qui peuvent avoir de lourdes conséquences !

Gwendoline Clavé, traductrice juridique de l’anglais au français, vous met en garde contre certains risques qu’elle a identifiés.

De l’erreur de traduction au litige

Le contrat est l’un des documents juridiques les plus traduits. Pour les paires de langues très courantes (par exemple, anglais-français), les systèmes de traduction automatique ont pu s’appuyer sur un grand corpus de contrats bilingues, et notamment de conditions générales disponibles en ligne.

Pourtant, même dans ce type de document, on constate des erreurs de traduction récurrentes. Celles-ci s’expliquent en partie par la complexité du langage juridique traditionnel : phrases longues et sinueuses, termes spécialisés ou archaïques… Mais aussi par la qualité variable des contrats du corpus d’entraînement et par l’absence de personnalisation des moteurs.

Dans le meilleur cas, ces erreurs passent inaperçues : de nombreux consommateurs ne lisent jamais les contrats qu’ils signent. Mais une traduction erronée peut amener l’une des parties à mal comprendre ses droits et obligations et à se retrouver malgré elle en situation d’inexécution contractuelle. Un risque qui justifie largement le prix d’une traduction juridique.

traduction au litige

Quels risques devant les tribunaux ?

Bien sûr, la traduction automatique d’autres documents juridiques est tout aussi risquée. D’autant plus lorsque cette traduction doit permettre à un professionnel (dans le cas d’un avis juridique) ou à un juge (au terme d’une procédure judiciaire) de prendre une décision. C’est notamment le cas des éléments de preuve versés à un dossier judiciaire.

En cas d’erreur, le document concerné devra faire l’objet d’une nouvelle traduction (humaine !). Celle-ci risque d’occasionner des coûts supplémentaires et de retarder la clôture de l’affaire. Cela dit, il n’est pas exclu que le document traduit soit tout simplement ignoré. Dans tous les cas, la partie ayant soumis cette traduction perdra en crédibilité.

Quels risques pour les données et la propriété intellectuelle ?

Les contenus soumis aux moteurs de traduction automatique servent souvent à entraîner ces derniers. Si vous décidez d’y recourir, vous devriez donc absolument éliminer des documents à traduire les données personnelles, les informations confidentielles ainsi que tout contenu protégé par des droits de propriété intellectuelle.

Dans le cas contraire, ces contenus pourront être stockés dans des bases de données sur lesquelles vous n’aurez aucun contrôle et ressurgir dans d’autres traductions. Vous vous exposerez alors à des risques de violation de données ou d’atteinte aux droits de propriété intellectuelle de tiers, si tant est que l’utilisation de la traduction automatique n’en constitue pas déjà une.

En matière de propriété industrielle, il peut être tentant d’y avoir recours pour traduire, par exemple, une demande de brevet. Le risque est alors d’obtenir une traduction inexacte ou imprécise qui ne permette pas d’assurer une protection suffisante de l’invention concernée. Bien sûr, encore faut-il que cette traduction soit acceptée.

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